Israël tente d’éviter de tuer les civils

 

13/01/2009

LE MONDE

Colette Avital

 

Israël a mal à son image. En ces temps de guerre, les populations du monde reçoivent des

informations qui choquent. Parmi d'autres, Colette Avital, députée israélienne travailliste –

« de la gauche du parti », précise-t-elle – a accepté de représenter son pays, « où règne le

consensus sur la guerre à Gaza », en mission de « hasbara » (« explication », relations

publiques). Elle était lundi à Bruxelles.

 

La profession journalistique est choquée de l'interdiction qui est faite à ses membres de se

rendre à Gaza, qui date d'ailleurs de six semaines avant la guerre, comme si Israël avait

préparé le terrain et, en tout cas, que les témoins n'étaient pas souhaités...

Je critique aussi cette décision puisque je suis pour la liberté de la presse. J'ai cru

comprendre que l'argument avancé était la sécurité des journalistes que nous ne pouvions

assurer sur place... Mais je ne crois pas que cela soit pour cacher la vérité.

Les nombreuses victimes civiles révoltent bien des gens en dehors d'Israël...

Israël n'est pas à Gaza pour massacrer les gens. C'est un conflit très difficile. Nous

savions qu'il fallait détruire des infrastructures du Hamas, qu'avec des seules opérations

aériennes cela serait malaisé, qu'il faudrait une phase terrestre, avec des opérations

risquées de fouilles maison par maison.

 

Oui, mais ce qui émeut et choque ce sont ces victimes civiles. On parle de trois cents

enfants tués, par exemple...

Je ne suis pas certaine de vos statistiques. Nous pensons que trois quarts des victimes

palestiniennes sont des hommes armés. De toute façon, nous regrettons les victimes civiles.

Mais la guerre continue...

 

Je ne vous apprendrai rien en rappelant que le Hamas utilise les civils comme boucliers

humains, ce qui est contraire aux conventions de la guerre.

Tirer sur une école abritant des civils aussi...

 

Nous ignorions qu'il y avait des enfants dans cette école. Avant de tirer sur une cible

habitée, maison, mosquée, installation, nous prévenons les habitants pour qu'ils l'évacuent,

par téléphone, SMS, ou même des haut-parleurs attachés à des chiens. Car le Hamas utilise ces

maisons pour tirer ses roquettes.

 

C'est l'armée israélienne qui l'affirme, pourquoi la croire ?

Ici on a tendance à croire les Palestiniens, n'est-ce pas ? Je suis membre de la commission

de la Knesset des Affaires étrangères et de la Défense et l'armée nous y présente ses

dossiers, solidement établis ; que je sache elle n'a jamais menti. Nos services de

renseignement disposent aussi de bases solides. Cela dit, l'armée peut faire des erreurs,

comme elle l'a fait en tuant par méprise trois soldats il y a dix jours. Je répète que nous

faisons tout pour éviter les victimes civiles. Mais comment Israël devait-il réagir ? Cette

guerre se justifie par huit années de roquettes.

Le Hamas dit que les roquettes répondent au blocus...

Israël est dans une situation impossible : si on réagit, on nous critique ; si on ne réagit

pas, notre population nous critique. Mettez-vous à la place du leader israélien qui présente

l'évacuation de Gaza de 2005 comme le terme de l'occupation, et puis, la réponse, le

lendemain, sont des roquettes ! D'ailleurs, les massacres interpalestiniens, on en a beaucoup

moins parlé en Europe.

 

Ariel Sharon, en 2005, n'a pas coordonné l'évacuation avec l'Autorité palestinienne, le Hamas

a pu la présenter comme sa victoire puis a gagné les élections. Ensuite, le siège a débuté.

Pour Sharon, ce n'est pas faux. Mais je suis convaincue que le Hamas n'avait aucune intention

de bâtir un Etat moderne au service de la population ; ses priorités étaient ailleurs.

En tout cas, l'Europe, les Etats-Unis et nombre d'Etats arabes partagent la même peur d'un

succès du Hamas...

C'est en effet une menace non seulement pour Israël, mais aussi pour les pays arabes modérés.

Même pour l'Arabie Saoudite.

 

Croyez-vous encore en la solution des deux Etats ?

C'est la seule option possible ! Et je ferai tout ce que je peux pour la promouvoir. J'irai

même plus loin : nous n'avons pas à choisir à la place des Palestiniens, et je pense qu'il

faudrait un dialogue interpalestinien sur la base du « document des prisonniers » publié en

2006, qui propose une réconciliation Hamas-Fatah, le Fatah d'Abbas négociant avec Israël et

soumettant le résultat à un référendum. C'est un chemin difficile, mais qui permettrait

peut-être d'arriver à une forme de reconnaissance d'Israël par le Hamas.

 

Quand la guerre va-t-elle finir ?

Je ne suis pas dans le secret des dieux. Israël exige un cessez-le-feu durable, qui

comprendrait la fin des trafics d'armes par les tunnels. Beaucoup d'efforts diplomatiques

sont déployés. Nous n'avons aucun intérêt à nous enliser à Gaza, notre propre opinion

commence à se plaindre.

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